Création : 2007. Par Aurore Guégan.
Tous les personnages sont la propriété exculsive de JK Rowling.
Je ne tire aucun profit quelqu'il soit de cette histoire.
Je n'ai aucun droits sur les personnages, à l'exception des personnages qui sont inventés par mes soins pour cette histoire.






 
 
L’Héritier des Prince.





Chapitre 1
La mère du Prince

Une jeune fille maigrichonne, le teint pâle comme si elle était sur le point de tomber malade, des sourcils épais se dessinant au-dessus de ses yeux noirs emprunts en toute circonstance par la tristesse, passa dans une ruelle entres deux rangées de maisons et disparut dans l’obscurité de celle-ci. Dans le silence, elle se fondit dans le décor. Elle essaya de réguler sa respiration comme si elle craignait que celle-ci ne la trahisse et alors qu’un groupe de quatre silhouettes passait juste devant la ruelle où elle se trouvait cachée, elle se permit de respirer plus librement. Elle acquérait au fil de l’habitude une certaine capacité à se dissimuler des personnes qui se moquait d’elle. Elle y était habituée. Elle savait qu’on la trouvait bizarre et que tout le monde l’évitait. C’était en cela que les autres trouvait en elle un souffre douleur. Heureusement, tout le monde ne se moquait pas d’elle. Dans ceux qui se moquaient, il y avait le groupe à qui elle venait d’échapper, le groupe des quatre adolescents. Et elle ne pouvait pas se défendre car si elle venait à se servir de sa baguette devant des Moldus, elle briserait une des lois de la communauté sorcière qui est celle que les sorciers ne devaient pas se dévoiler aux gens appelés Moldus. C’était sa mère qui le lui avait dit il y avait de cela bien longtemps. Avant qu’elle ne s’en aille de ce monde… Elle aimait beaucoup sa mère et elle avait, après son décès, été désarçonnée pendant très longtemps. Sa famille était une très grande famille de sorcière, très ancienne.
Elle tendit l’oreille avant de sortir progressivement de la rue où elle était cachée. C’est alors qu’elle se cogna à quelqu’un.
- Qui est là ? fit alors une voix glaciale dans la pénombre juste devant elle.
Craignant que ce ne fut l’un des garçons qui était retourné sur ses pas, la jeune fille agrippa fermement le mince bâton de bois dissimulé dans l’une des poches de sa cape comme pour se rassurer et calmer les battements de son cœur. S’il attaquait, elle s’en fichait mais, elle s’en servirait. Peu importe la lettre qu’elle recevrait peu après pour l’informer d’une infraction devant le ministère. Le garçon était seul et elle ne supporterait plus qu’une autre personne lui dise des méchancetés et lui parle comme une moins que rien. Surtout un Moldu.
Mais le jeune homme habillé d’une simple jean, tricot et d’une veste marron un peu élimée ne bougea pas pour la taper et n’ouvrit pas la bouche pour lui lancer une insulte. La main de la jeune femme se détendit un peu sur sa baguette et elle croisa un instant le regard du jeune homme qui lui demanda, un peu moins sèchement :
- Qui es-tu ?
- Ei… Eileen.
- Eileen comment ? demanda t-il doucement comme pour lui montrer qu’il ne lui voulait pas de mal. A moins que ce ne fut pour l’amadouer.
- Eileen Prince, répondit-elle d’une petite voix.
L’homme lui adressa un sourire.
- Mais, je te connais, tu n’habiterais pas avec tes parents tout au bout de la ville, la dernière maison en brique ?
Eileen acquiesça lentement.
- Enchanté Eileen, je m’appelle Tobias. Tobias Rogue.

***


Quelques années plus tard fut publié dans la Gazette du Sorcier, un minuscule faire-part annonçant le mariage de ses deux êtres : Eileen Prince et Tobias Rogue.


Chapitre 2

La naissance d’un Prince

Eileen, au début, avait été heureuse avec Tobias Rogue. Cela faisait deux années qu’ils se connaissaient lorsqu’ils avaient décidé de se marier. Tobias avait beau être sévère, très dur même parfois à un point qu’on pouvait se demander s’il éprouvait des émotions comme n’importe quelle autre personne, il était également très attaché à Eileen. Eileen était certaine qu’il l’aimait. Il était gentil avec elle et lui parlait toujours avec douceur. Et elle croyait ne pas se tromper. Ou du moins, la situation changea progressivement.
Eileen était tombée dans le piège de ces premières années.
Lorsqu’ils se marièrent, ils s’installèrent dans une petite maison en brique au bout de la ruelle, l’impasse du Tisseur, à Spinner’s End. La maison était toute petite car ils n’avaient pas beaucoup d’argent mais la taverne qu’ils dirigeaient à quelques pas de la maison leur donnait assez d’argent pour bien vivre. Eileen vécut bien les premières années de leur mariage. Puis, Tobias changea rapidement. Il devenait plus dur de jour en jour. Eileen mettait cela sur le compte de l’alcool qu’il avait l’habitude d’ingérer tous les vendredi soirs pour se détendre un peu avec ses amis et ne plus penser à ses ennuis. Elle se disait donc que c’était de sa faute s’il se mettait à boire, que c’était elle qui lui craignait des ennuis. Et elle prit sur elle ses emportements parfois excessifs. Cependant, ses sautes d’humeur vinrent se répercuter bientôt sur presque tous les jours. Il traitait Eileen comme si elle n’était plus rien. Il aimait la perfection, ne tolérait aucun écart sur son chemin et surtout il ne tolérait pas qu’elle se mette à le contester. Eileen commença à avoir peur de lui. Il lui faisait peur et lui interdisait d’utiliser la magie en sa présence. Il avait peut-être l’impression qu’elle pourrait lui faire un mauvais coup dans le dos. Il la regardait avec mépris comme il méprisait les pouvoirs qu’elle avait, elle et le reste de « ses » sorciers. Il lui répétait souvent que sa magie ne servait à rien. Si elle avait vraiment des pouvoirs, et bien elle pourrait les sortir de leurs ennuis financiers. Une fois même, il alla même jusqu’à la menacer de briser sa baguette. Eileen ne savait pas s’il aurait pu le faire, peut-être qu’une baguette ne pouvait se briser que par un autre enchantement lancé par une autre baguette, mais elle ne le tenta pas et cacha sa baguette des yeux de son mari. La gardant toujours contre elle comme sa meilleure amie et sa seule confidente, elle ne la sortait plus quand son mari était présent. Avec lui, elle vivait comme une moldue, comme lui l’était. Elle vivait comme ceux qui à 17 ans se moquaient d’elle à tous bout champ. Mais, il y avait une différence par rapport à cette époque. Elle avait perdu l’espoir et le courage de se défendre.
Ce fut la naissance de son fils qui lui redonna un peu de son courage d’il y avait cinq années. Mais seulement à sa naissance.
Ce comportement chez Tobias Rogue arriva avec le temps, au bout d’un an de leur mariage. Eileen était alors enceinte de deux mois. La première accusation qu’il lui eut fait, fut celle qu’ils n’auraient pas assez d’argent pour nourrir une bouche de plus. Puis, ayant enfin admis qu’elle le garde, il lui dit, comme un impératif, qu’il devait être un garçon pour qu’il puisse l’aider plus tard à la taverne. Si le contraire se produisait et que ce fut une fille et non un garçon, elle connaîtrait sa colère. Impuissante, Eileen trembla des mots qu’il prononçait en se disant qu’il ne pouvait être le même homme qu’elle avait épousé. Elle n’osa pas lui dire que sans doute leur enfant serait comme elle, un sorcier.
Eileen travailla à la taverne avec son mari tout le temps de sa grossesse et elle se réfugiait souvent dans le parc de jeux un peu plus loin. Là, elle s’asseyait sur la balançoire et se balançant doucement, une main sur son ventre, elle chantait des chansons à son fils qui ne tarderait plus à venir dans ce triste monde, du moins dans leur triste famille. En pensant à cela, son regard se baissait tristement vers le sol, sans le voir. Il avait à présent perdu cette lueur noire et brillante au fond des yeux, comme si l’espoir y avait disparu. Ils étaient presque ternes.
Elle ferait en tous cas tout son possible pour épargner à son fils, le mal que son père pourrait lui faire. Elle aurait tant voulu qu’il grandisse comme dans n’importe quelle famille : Dans une famille unie et heureuse.
Deux mois plus tard, elle donna naissance à son fils qu’elle nomma Severus.
Bien qu’elle eut préféré lui donner son propre nom de famille, elle dû se plier et accepter que Severus ait le nom de son père, et non le sien.


Chapitre 3
L’amour d’une mère

Depuis trois jours entiers, Eileen était toujours allongée sur le lit de la chambre à l’étage. Cela faisait trois jours qu’elle avait donné naissance à son fils, Severus, et deux jours aussi qu’elle se sentait toujours aussi fatiguée. Même si son fils était la plus belle chose qui lui était arrivée dans sa vie, lui donner naissance lui avait pris presque toutes ses forces et elle n’avait pas encore réussi à les récupérer. Son fils, à côté d’elle, allongé sur le lit, dormait à poings fermés, ce qui lui permettait de se reposer pendant plusieurs heures. Mais lorsqu’il se réveillait et se mettait soudain à pleurer parce qu’il avait faim, Eileen se forçait à se redresser pour son fils, pour l’amour de son fils, et elle le faisait boire du bon lait chaud.
Severus, à trois jours, avait déjà ce teint pâle sur les joues et ses yeux noirs qu’il garderait à l’identique en grandissant. Il était par contre, moins chétif, paraissait moins fragile qu’il allait l’être dans son enfance. Il avait un petit rire joyeux et cherchait à jouer avec sa mère, ses mains lui tâtant le visage comme s’il voulait vraiment voir qu’elle existait réellement. Ses yeux étaient également plus rieurs que quelques années plus tard, moins triste. Puis, quand il se rendormait aux côtés de sa mère, Eileen se rallongeait elle aussi et fermait les yeux, son fils serré contre elle, savourant le miracle d’être mère.
Elle rouvrit les yeux en entendant la porte de la chambre s’ouvrir et ouvrit la bouche pour saluer son mari mais celui-ci fit un geste de la main pour l’en retenir.
- Encore au lit ? Et dire que pendant ce temps, nous avons deux mains en moins à la Taverne. Quel gâchis, maugréa t-il…
- Ce n’est pas de ma f…
- Je sais, Notre fils vient de naître. J’espère au moins que quand il grandira, il pourra vite nous aider à la taverne… Comment va-t-il ?
- Il dort, il vient de manger un peu et il vient de se rendormir.
- Bien. Et toi ?
- Je me sens encore très faible…, murmura Eileen.
Tobias sembla maussade tout à coup. Cette nouvelle ne le réjouissait point. Il s’efforça de conserver un sourire avenant, même s’il n’y parvint qu’à moitié et parut sur le point d’ajouter quelque chose lorsque ce fut Eileen qui parla :
- Ne t’inquiète pas, ça va bientôt aller mieux et je pourrai retourner travailler avec toi à la taverne.
- Oui, espérons-le, marmonna t-il.

Chapitre 4
Maman, je te protègerai

Un jeune garçon, des cheveux noirs et longs jusqu’au mi-cou, le teint pâle et la silhouette apparaissant très maigre et chétive malgré l’obscurité qui régnait dans la pièce, se trouvait recroquevillé dans son lit, les yeux fermés et les mains callées sur les oreilles. On voyait perler du coin de ses yeux, des larmes qui roulaient doucement sur ses pâles joues. Le garçon n’y prenait même pas conscience car il ne faisait pas un geste pour les essuyer. Il semblait avoir environ cinq ans mais apparaissait comme ayant à peine quatre ans par son apparence très chétive. Ses lèvres remuaient légèrement dans le silence et la pénombre de sa petite chambre dans la mansarde. En s’approchant un peu plus de la silhouette de l’enfant, on aurait pu l’entendre murmurer : « S’il vous plaît, arrêtez… Maman n’a rien fait, je veux que ça s’arrête ». Et sans arrêt la même chose. Sans arrêt, il pensait cela comme si par le seul pouvoir de la pensée, il pourrait protéger sa mère qui n’avait pas mériter une vie comme celle-là. Il se tourna dans son lit et resta sur le dos. Il posa ses mains à plat sur son lit, fixa le plafond noir dans l’obscurité. Toutes ces disputes, c’était ridicule ! Severus en venait à penser que tout était de sa faute. Il n’aurait jamais dû naître... Peut-être que cela aurait été mieux pour tout le monde.
Severus tourna la tête avec inquiétude vers la porte de sa chambre en entendant soudain un cri plus fort que les autres. Il ferma de nouveau les yeux et les serra fort. Quand son père allait-il arrêter de crier de cette manière ?
Severus rouvrit les yeux au bout d’un long moment et il s’aperçut que les cris avaient cessé. Il se mit à trembler soudainement. Le silence était finalement plus inquiètant que ces cris. Que se passait-il maintenant ? Et si sa mère se trouvait sur le sol, inanimée ?
En proie à ses craintes les plus folles et la colère montant pour son père, il ne s’aperçut pas tout de suite que le drap à côté de lui s’était affaissé. Il ouvrit les yeux et découvrit sa mère sur le bord de son lit.
- Severus, tu ne dors pas encore mon enfant ?
Sa voix était tellement douce que Severus en voulut encore plus à son père de la faire souffrir ainsi. Il s’assit sur son lit et d’une voix tremblante murmura :
- Je suis désolé maman.
Sa mère lui passa une main dans les cheveux en lui souriant.
- Ce n’est pas de ta faute Severus mon chéri. Ce n’est la faute de personne…
- Si je n’étais pas là, si je n’étais pas né… Je suis sûr qu’il…
- Il serait le même homme. Et puis, je pense qu’au fond il a raison. Je dois le mériter pour que…
Severus ne pouvait supporter de laisser sa mère parler ainsi.
- Non, tu ne peux pas dire ça !
Il se blottit contre sa mère en pleurant doucement. Sa mère le serra contre lui comme si c’était le seul espoir qu’elle avait de se raccrocher à la vie. Elle pleura doucement elle aussi.
Au bout d’un long moment qui sembla très court à Severus, elle se leva. Les petits doigts de l’enfant qu’elle tenait contre elle tentèrent de s’agripper à sa robe. Il ne voulait pas qu’elle redescende. Il voulait qu’elle reste avec lui.
- Reste ici, l’appela t-il. Reste dormir ici, je veux pas que tu redescende, papa…
Sa mère déposa un baiser sur le front du petit garçon au teint encore plus pâle que d’habitude par la crainte de laisser sa mère seule.
- Je ne redescends pas, je vais me coucher Severus. Ne t’inquiète pas.
Puis, elle ajouta à la manière d’une confidence :
- Maman t’aime.
Le petit garçon avait les yeux humides de larmes et tenait toujours entre ses doigts la robe de sa mère qui se dégagea doucement, lui fit encore un baiser de loin et sortit de la pièce.
Severus resta immobile, assis sur son lit, tremblant de peur pendant un long moment.
Puis, il se rallongea toujours sanglotant et se coucha de nouveau. Mais il ne put dormir.
« Moi aussi, je t’aime maman ».

C’est ainsi qu’était le jeune Severus à l’âge de cinq ans. Aimé et aimant de sa mère, il aurait voulu qu’on lui fasse du mal à lui plutôt qu’à elle. Mais que pouvait-il faire ? Il aurait voulu rendre à son père le mal qu’il faisait à sa mère. Il ne l’aimait pas. Il était méchant. Avec lui et pire que tout, avec sa mère. Souvent, il espérait qu’un jour il pourra prendre la défense de sa mère et ainsi la protéger.
Un jour viendra où il pourra le faire, se promettait-il souvent.


Chapitre 5
Le Pouvoir de l’amour

- Severus ! L’interpellé se dépêcha de déposer le plateau en bois dans la cuisine de la Taverne et revint presque en courant dans la salle. Il valait mieux qu’il ne donne pas de raisons à son père de s’énerver car il savait que cela allait tôt ou tard retomber sur sa mère.

Dès qu’il eut six ans, son père l’avait mis à les aider à la Taverne.

- Severus, et bien enfin, te voilà !
- Père, qu’y a t-il ? demanda le petit garçon, intimidé par la voix dure de son père.
- Jarod a une lettre à poster mais il ne peut pas y aller tout de suite et c’est urgent. Je te confie la mission d’aller poster toi-même cette lettre.
Ce n’était pas une question. Severus le comprit à son ton.
- Mais père, il y a pleins de choses à faire ici et…
- Ne t’en occupe pas, on se passera bien de toi une demi-heure. Et ne conteste pas mes ordres tu entends ?
Severus baissa la tête.
- Oui père.
- Qu’est-ce que tu dis ?
Il releva la tête et regardant son père, il répéta un peu plus fort :
- Oui père.
Son père n’aimait pas lorsqu’il s’adressait à lui sans le regarder en face. Il voulait sentir la crainte au travers des yeux de son fils. C’était l’interprétation qu’avait fait Severus depuis quelques mois. Au moins, il était rassuré sur son autorité.
- Et souviens-toi s’en, c’est très mal poli de ne pas regarder les gens quand on leur parle. Ce sont les hypocrites qui le font ou les lâches. Tu entends ?
- Oui père.
- File maintenant.
Severus prit la lettre que son père lui tendait et sortit de la taverne.
« Et je ne suis pas lâche, » murmura Severus pour lui-même.
Le jeune garçon se mit à courir tout le long du chemin menant à la petite poste locale du village. Il déposa la lettre puis ressortit dans la rue. Alors qu’il se remit en chemin pour rentrer, il croisa deux petites filles d’environ le même âge que lui qui accompagnait leur mère. Comme ils se dépassèrent, Severus s’immobilisa d’un coup et se retourna lentement sur leur passage. L’une des deux fillettes avaient attiré son attention. Seulement l’une d’elle. Elle semblait un peu plus jeune que sa sœur, avait des cheveux roux ondulés et longs qui lui tombaient dans le dos et des yeux verts en amande et étincelants. Si la fillette avait elle aussi croisé son regard avec le sien, il aurait certainement cru qu’elle l’avait passé au rayon X. Mais elle ne l’avait pas vu. Il resta un long moment sur les pavés de la rue à regarder s’éloigner la petite fille avec sa sœur et sa mère. Il ressentait, encore à présent qu’elle avait disparue, une sensation de fraîcheur nouvelle à l’estomac et son cœur ne parvenait pas vraiment à retrouver une allure normale. Il ne savait pas ce qui venait de se passer, mais, en tous cas, il avait l’impression d’avoir toujours connu cette fillette. Et il l’aimait bien.
Tout ce qu’il désirait, c’était la revoir.

Alors qu’il revenait à la Taverne, il ne vit ni sa mère ni son père dans la salle principale. Ce qui était curieux puisqu’au moins l’un ou l’autre se trouvait toujours dans la salle, prêt à servir les clients de ce qu’ils commandaient. Le jeune Severus regarda d’un bout à l’autre de la salle. Son regard passa avec inquiétude sur chaque personne présente puis il avança lentement dans la salle de la Taverne.
- Maman ?
Le nom était sorti tout seul.
La dénommé Jarod parut le voir à ce moment-là car il se leva et s’approcha de lui. Il lui parla d’une voix qu’il tenta rassurante. Ce qui ne fit qu’accentuer le malaise de Severus.
- Où est maman ? demanda t-il.
- Ecoute petit, j’aimerai te montrer quelque chose. Tu veux bien venir avec moi ?
Severus le regarda. Il ne voulait pas qu’il sache quelque chose, ou qu’il voit quelque chose, il en était sûr.
Comme il ne répondait pas, Jarod crut qu’il allait le suivre sans résister et le prenant par le bras, il l’entraîna vers la porte de sortie. Severus se laissa entraîner quelques secondes, le temps d’essayer de comprendre, puis il tenta de se dégager de l’étreinte de Jarod.
- Où est maman ? répéta t-il. Je veux savoir où elle est !
- S’il te plaît, je t’en prie petit, suis-moi.
« Je ne suis pas petit ! », pensa t-il en tentant de se libérer encore. « Et je veux voir maman… Lâchez-moi !!! »
Severus sentit alors l’étreinte se relâcher. D’un coup. Juste avant, Jarod le tenait et le moment d’après, Severus était libre. Il ne s’aperçut pas tout de suite qu’il était libre et sans attendre de comprendre pourquoi il l’avait relâché si vite, Severus se mit à courir vers la cuisine, sans plus un regard derrière lui. Il savait que sa mère était là, elle ne pouvait être que là. Il ne savait pas pourquoi Jarod l’empêchait de la voir mais elle était là, il en était sûr.
Il débarqua dans la cuisine et se figea soudain dans l’encadrement de la porte.
- … Ne redis plus jamais ça ! C’est mon fils, et comme un garçon normal, il reprendra la taverne !!!
C’était son père. Severus resta ébahi un instant. Il l’avait déjà vu en colère mais pas de cette manière. Il avait l’impression que même les murs tremblaient sous sa colère. Ebranlés. Et Severus l’était également. Il ne comprenait pas pourquoi… Mais tout ce qu’il compris en tous cas, en voyant sa mère accolée au mur du fond de la cuisine, une lueur plus qu’effrayée dans les yeux, c’était que son père piquait de nouveau une de ses crises pour il ne savait quelle raison.
- Il n’est pas comme toi, tu as compris sale petite…
Mais son insulte se perdit dans la colère qui augmentait au fur et à mesure de sa phrase et dans l’effort qu’il mit pour lever un objet qui ressemblait à une ceinture et…
Severus cria, les yeux brouillés de larmes :
- Noooon !!!!
Son père se retourna d’un bond et sa mère resta figée derrière lui, tremblante de peur. Dans ces moments de colère, elle ne pouvait même pas bouger afin de sortir sa baguette pour se protéger, en ultime recours. Elle en était incapable, paralysée par la peur et l’éclat de fureur qui traversait le regard de son mari.
Tobias lança à son fils :
- Vas t-en Severus ! Ca ne te concerne en aucun cas !
Sa voix était dure, sans équivoque.
Pourtant, Severus ne bougea pas. Il avait peur mais curieusement, celle-ci semblait lui donner plus de courage qu’il ne s’y était attendu.
- Vas t-en !!! Jarod, emporte le petit !!!
Severus se retourna alors et vit Jarod juste derrière lui au moment où il lui emprisonnait le corps de ses bras d’adolescent, donc beaucoup plus fort que ceux de Severus.
Il essaya de l’emporter et recula de quelques pas pendant que son père se tournait de nouveau vers sa mère, tremblante de peur.
- Noooon !!!!!!!
Il avait mis toute la force qu’il avait pu dans ce simple mot et il se sentit encore plus fort, alors que cela aurait dû être le contraire. C’était comme si sa force avait doublé voire triplé ou été multiplié par cinquante par ce simple mot : « Non ».
« Lâchez-moi !!! Ne touchez pas à ma mère !!!»
Il se sentit alors retomber durement au sol. Il s’était sans doute fouler la cheville en tombant car il ressentit une douleur dans son pied droit mais, sans s’en préoccuper, il sauta aussitôt libéré, sur ses pieds et accoura de nouveau dans la cuisine.
- Ne touche pas à maman !
C’était presque un appel lancé avec la force du désespoir mais beaucoup plus puissant. Severus se sentit envahit d’une volonté de protéger sa mère de tout le mal qu’elle avait subit jusqu’à maintenant. Il se sentit envahi de tant de puissance en lui qu’il ne pouvait qu’éclater. Un enfant de six ans ne pouvait garder toute cette puissance en lui, elle ne pouvait faire autrement que d’être libérée. Et c’est ce qu’elle fit.
Severus ne pouvait comprendre ce qui se passait. Mais deux secondes plus tard, il vit son père être projeté en l’air et atterrir de l’autre côté de la pièce.
Il y eut ensuite un silence de mort, n’osant être brisé par quiconque.
Tobias Rogue se releva, plus chancelant qu’il ne l’avait jamais été même quand il était complètement saoul. Il regarda alternativement son fils, puis sa femme puis de nouveau son fils. Severus crut voir dans son regard un éclair de stupeur, si ce n’est de frayeur. Une expression d’incompréhension s’afficha sur le visage d’enfant de Severus. Que s’était-il passé ? Pourquoi son père semblait-il avoir peur de lui ? Et qu’est-ce qu’il avait fait ? Lui-même ne le savait pas.
Son père tourna le dos à son fils et à sa femme et sortit de la cuisine. Severus s’écarta immédiatement de la porte en le voyant passer à grand pas à côté de lui sans s‘arrêter. Il le suivit du regard et il le vit sortir de la Taverne.
Severus détourna son regard de l’endroit où son père avait disparu et le reporta sur sa mère. Elle était aussi stupéfaite d’avoir assisté à ce qui venait de se passer et en même temps, une lueur d’émotion et de fierté semblait briller dans ses yeux noirs. Elle restait cependant adossée au mur derrière elle, elle s’était juste remit sur ses pieds. D’un geste de la main, elle fit signe à son fils de venir à elle. Ne comprenant pas ce qu’elle lui voulait et prenant peur qu’elle ne soit en colère elle aussi contre ce qu’il avait fait, Severus s’avança vers elle d’un pas incertain,
Mais au lieu de cela, elle le prit dans ses bras et le serra contre elle plus fort qu’elle ne l’avait jamais fait. Elle sanglotait et le petit Severus ne comprenait pas pourquoi. En tous cas, il savait une chose, c’était qu’il n’aimait pas la voir pleurer.
- Ne pleure pas maman, dit-il en essayant de la consoler.
Sa mère s’éloigna un peu de lui, le regarda fixement, des larmes roulant toujours de ses yeux et sur ses joues. Tout en lui caressant la joue avec une tendresse maternelle éternelle, elle dit d’une voix émue :
- Je ne pleure pas mon chéri. Je suis simplement heureuse.
Severus fut encore plus déconcerté. Elle était heureuse ? Alors, pourquoi pleurait-elle ? On pouvait pleurer de joie ? Severus ne l’avait encore jamais vu. Et c‘était bien la première fois qu’il voyait sa mère pleurer de joie lui semblait-il.

Chapitre 6
Initiation

Après cet incident à la Taverne, Eileen conduisit son fils à la maison. Elle savait que Tobias n’y était pas rentré tout de suite, ils auraient donc du temps pour parler. Assez peut-être. Ce qu’avait vécu son mari était quelque chose d’une telle puissance qu’elle ne l’avait encore jamais vu dans sa famille. Encore moins de la part d’un sorcier qui ne connaissait encore rien à la magie. Eileen se doutait bien du choc qu’avait reçu Tobias, surtout qu’il n’était pas d’origine sorcière. Elle savait qu’il était allé loin afin de réfléchir et qu’il ne rentrerait pas avant tard le soir. Pendant ces cinq premières années, il avait essayé d’occulter cette partie de la magie présente dans sa vie, essayer de croire qu’elle n’existait pas, que Severus était normal, comme lui, et aujourd’hui, il apprenait que son fils était comme sa mère. Un sorcier ! Alors qu’il avait élevé son fils en pensant le bâtir pour qu’il prenne la suite de la Taverne plus tard ! C’était un déshonneur pour lui ! A le voir pendant ces cinq premières années, il avait pensé qu’il ne serait pas comme sa mère. Petit, chétif, maigre comme il était. Comme sa mère à son âge. Mais, après tout, justement, il était bien comme sa mère ! Mais il avait espéré faire au moins de lui, un être normal, parfait. Et voilà qu’aujourd’hui apparaissait cette même imperfection qui poursuivait la famille des Prince depuis des générations.

Severus suivit sa mère jusque sa chambre dans les mansardes. Eileen le prit sur ses genoux et resta silencieuse un moment, se contentant de le regarder avec tant de surprise et de fierté dans le regard qu’il en était un peu gêné.
Severus resta silencieux lui aussi. Il la regarda, s’attendant à ce qu’elle lui explique ce qui avait bien pu lui arriver tout à l’heure dans la Taverne.
- Tu dois te demander ce qui s’est passé, n’est ce pas, tout à l’heure ?
Le jeune garçon hocha la tête en silence.
- Ne t’inquiète pas, tu es tout à fait normal. Des signes tels que ceux-ci devaient apparaître tôt ou tard, et je dois dire que c’est le plus beau jour de ma vie. Pendant ces six premières années, j’ai tellement eu peur que tu ne les ais pas hérité.
Severus la regarda. Il ne comprenait pas pourquoi c’était le plus beau jour de la vie de sa mère. Elle le regardait avec une telle fierté et une telle joie dans le regard que Severus ne pouvait plus retenir les questions défilant en cascade dans son esprit. Il s’interrogea alors : Mais de quoi avait-il donc hérité ?
- Maman, pourquoi est-ce que c’est le plus beau jour de ta vie ?
Eileen lui sourit.
- Parce que ce que tu as fait tout à l’heure est le signe de la magie. Et une magie très puissante. Pour un premier signe, sans rien savoir de ce que tu dois devenir, c’était… il a émané de toi beaucoup de force et de magie. Tu seras très fort. Je suis certaine que tu seras un très grand sorcier.
Severus ne comprenait pas très bien ce que lui disait sa mère.
Incertain sur ce qu’elle venait de dire, il demanda :
- Un… Sorcier ?... Qu’est-ce que c’est ?
Sa mère acquiesça et continua :
- Un sorcier est une personne qui a des pouvoirs magiques. Ils n’apparaissent pas tout de suite car tout petit, la magie est trop forte pour qu’il la contrôle. Elle attend donc le meilleur moment pour se manifester. Généralement, elle vient vers les cinq ans voire quatre ans pour certains mais en général, cinq ou six ans.
« Donc, je suis un… sorcier ? », pensa t-il.
- Et… Aujourd’hui, c’était le meilleur moment ? ajouta t-il à voix haute.
- C’est ce qu’elle a ressentie, et elle s’est manifesté. Quelque chose s’est déclenché en toi et elle a compris que c’était le bon moment.
- Mais,… Je me sens… Pareil pourtant. Je ne me sens pas… différent d’hier.
Eileen sourit :
- Ne t’inquiète pas, tu n’es pas différent. Tu es toujours le même. Mais aujourd’hui, c’est comme si tu venais de te découvrir un don.
Severus resta silencieux un moment, le temps d’assimiler ce qu’il venait d’apprendre. Puis, il ajouta :
- Mais, maman,… C’est quoi la magie ?
- La magie est…
Sa mère fut assez confuse. Elle ne savait pas vraiment comment expliquer cela à un enfant de six ans, pourtant, elle voyait en son fils une telle soif d’en apprendre plus sur sa véritable nature qu’elle se força à trouver ses mots.
- Disons que, la magie existe depuis la nuit des temps, mais les sorciers se cachent depuis plusieurs siècles des personnes non-magiques qui ont très peur de cet art car ils le pensent maléfique. Les sorciers ont décidé de cacher leur existence depuis environ 1000 ans avant JC.
- Mais ce n’est pas vrai ? Elle n’est pas… maléfique ? s’inquiéta Severus.
- Non. Du moins à l’origine, la magie est bonne. Ce sont seulement nos choix après qui nous dirigent vers la magie noire ou blanche, le bon ou le mauvais côté. Seuls nos choix. Mais n’aie crainte, je suis sûre que tu seras un très bon sorcier.
Les paroles de sa mère rassurèrent un peu Severus.
- … Puisque tu es un bon fils, tu ne peux être qu’un bon sorcier.
Sa mère continua ensuite :
- Moi à ton âge, je n’ai pas montré autant de dispositions à la magie que toi. C’est pour cette raison que j’ai été surprise et en même temps très heureuse. Toi, aujourd’hui,…
De toute évidence, les sentiments étaient trop forts pour être exprimés et pour toute réponse à ce qu’elle ressentait, elle prit son fils dans ses bras et le garda auprès d’elle un long moment. L’embrassant sur le front, elle se recula pour regarder son fils. C’était extraordinaire de voir un être si chétif, si petit, demandant tant de protection, et pourtant si ambitieux de découvrir ce qui l’entourait, de protéger ceux qu’il aimait. Si extraordinaire de voir qu’il y avait en lui tant de volonté à faire ses preuves. Tant de force.
- Maman ?
- Oui mon chéri ?
- Je… je ne comprends toujours pas. Pourquoi je suis un sorcier ?
- Tu es sorcier car tu descends d’une grande famille de sorcier.
- Tu… Tu es une sorcière aussi ? s’étonna Severus.
Sa mère acquiesça en lui souriant :
- Pourquoi, pourquoi je ne t’ai jamais vu…
- Faire de la magie ?
- Oui.
Le sourire de sa mère sembla s’évanouir et elle laissa la tristesse apparaître sur son visage.
- Tobias…. N’aime pas vraiment… la magie.
Severus ne comprenait pas pourquoi il ne l’aimait pas mais il ne dit rien. Pourquoi son père n’aimait pas la magie alors que sa mère venait de lui dire que celle-ci était bonne ? Il avait tant de questions dans la tête qu’il ne savait pas par où commencer et lesquelles poser.
- Pourquoi je n’ai jamais vu personne de ta famille ?
Severus s’était souvent demandé pourquoi il ne voyait jamais la famille de sa mère. Il en était arrivé à la conclusion qu’elle n’avait plus de famille mais, maintenant qu’elle venait d’aborder le thème de la famille, il crut que c’était le bon moment pour le lui demander.
- Ils sont… Je les ai beaucoup déçu. Ils n’ont pas vraiment accepté le fait que j’ai épousé un moldu.
La fin de sa phrase se perdit en un murmure.
- Un moldu ?
- Nous appelons moldus les personnes qui n’ont pas de pouvoirs magiques.
Severus hocha la tête. Cela, il avait bien compris cette fois.
Eileen sourit, lui passa une main dans les cheveux noirs tombant sur ses épaules, puis, elle sortit de sous sa robe, cachée dans un des replis, un long bâton de bois. Severus l’observa avec un intérêt grandissant et beaucoup de curiosité. Il regarda sa mère diriger le bâton vers un objet à l’autre bout de la pièce : un livre d’histoires d’enfants, et il l’entendit prononcer à voix haute :
- Wingardium Leviosa.
Severus la regarda un moment en se demandant si elle avait bien parlé en anglais car il n’avait pas compris ce qu’elle venait de dire. Il tourna la tête vers le livre qui s’était élevé à dix centimètres dans l’air au-dessus du meuble et ses yeux s’agrandirent de stupéfaction. Il cligna plusieurs fois des yeux mais la vision de l’objet volant ne parut pas décidée à s’effacer. Severus resta stupéfait.
- Accio ! dit-elle.
Le livre, au lieu de rester à sa place, suspendu dans les airs au-dessus du meuble, commença à s’approcher. Severus regarda alternativement sa mère, le bâton qu’elle tenait et le livre qui se rapprochait comme… comme par magie. Il était autant surprit que ravi. D’un côté, voir un objet voler tout seul sans aucune aide était… inquiétant mais, c’était également tellement inimaginable que cela en était fantastique ! Il ne trouvait pas d’autre mots sur le moment. Severus se demanda si un jour il pourrait lui aussi faire voler un objet et il se sentit enjoué et envieux de sa mère. Il la regarda avec admiration prendre l’objet dans ses mains lorsqu’il les eut rejoint. Severus prit le livre que sa mère lui tendait. Il regarda alternativement cet objet et sa mère, une expression de curiosité et d’avidité sur le visage, d’apprendre tout ce qu’elle savait d’autre.
- Je saurai faire ça un jour ? demanda t-il.
- Oui, toi aussi tu le sauras. Et quantités d’autres. Beaucoup d’autres choses encore plus importantes.
Severus avait les yeux brillants d’envie d’apprendre. Il avait tellement hâte d’apprendre tout ce qu’il devait apprendre pour être un sorcier. Mais, une question s’insinua dans son esprit.
- Maman ?
- Oui mon chéri ?
- Comment est-ce que… Comment est-ce que j’apprendrai toutes ces choses ?
- Dans la meilleure école pour sorciers d’Angleterre qui existe. Poudlard.
- Poudlard ?... Poudlard… Quand est-ce que j’irai ?
- Lorsque tu auras 11 ans.
Une bref éclair de déception passa un instant dans son regard.
Onze ans. Il avait encore cinq ans à attendre.
- Ne t’inquiète pas, ça peut paraître long mais ça ne l’est pas. Ca passera vite, je t’assure.
Severus sourit à sa mère. Puis, il pensa à autre chose.
- Est-ce que… Est-ce que j’aurai le même bâton que toi ?
Sa mère rigola de sa question.
- Ce bâton comme tu dis est une baguette. Une baguette magique. Et oui, tu en auras une à toi. Pas la même que moi car elles sont toutes différentes, mais tu en auras une à toi. Ce sera la tienne, et vous serez comme deux parties d’un tout. Tous les deux, vous ne formerez plus qu’un… Et il ne faudra laisser personne d’autre y toucher, tu entends ?
- Tu parles de Père ?
Sa mère acquiesça.
- Je la protègerai toujours ! s’exclama t-il alors déterminé. Et toi aussi maman !
Eileen prit son fils dans ses bras. Elle enfouit son visage dans ses cheveux pour cacher les larmes qui coulaient sur son visage et ne pas montrer à son fils qu’elle pleurait.
- J’ai toujours su que tu étais très fort Severus. Je suis sûre que tu feras tes preuves et que tu trouveras ta place parmi les sorciers.

Chapitre 7
La Protection d’une mère

Lorsque Tobias revint ce soir-là, Eileen et son fils se trouvait dans la cuisine et dînaient. Il passa devant eux sans prononcer une parole et ressortit par l’autre porte qui menait à l’étage sans que Eileen ni son fils ne put prononcer un seul mot. Lorsque Severus avait vu son père entrer, son cœur s’était soudain mis à battre plus fort et ses jambes à se raidir. Il avait craint la colère de son père. Il avait été certain qu’il allait se mettre en colère folle contre lui, contre ce qu’il lui avait fait, même contre sa mère. Au lieu de cela, il était passé sans même les regarder, en les ignorant. En l’ignorant. Finalement, c’était pire que s’il s’était mis en colère. Au lieu de cela, il la contenait et cela ne pouvait être que mauvais. Un jour ou l’autre, elle allait bien finir par éclater.
En pensant cela, toute peur dans le regard de Severus s’était évanouie. Il avait tenu tête une fois aujourd’hui à son père, il avait protégé sa mère. Il était sûr qu’il pouvait le refaire. Sa mère lui avait dit qu’il était fort, il le pensait aussi. En tous cas, il apprendrait bientôt à devenir plus fort.
Alors qu’il sortait de ses pensées, il entendit un sanglot à ses côtés. C’était sa mère qui pleurait.
Il avança une main hésitante et la prit dans ses petits bras pour la réconforter. Il n’aimait pas quand elle pleurait. A cause de son père. Il ne trouvait pas de mots à lui dire.
Il n’y avait rien à dire, juste à souffrir. L’ignorance était souvent bien pire que la colère car il ne l’avait jamais vu autant pleurer.
Les sanglots cessèrent. Eileen releva la tête puis se leva. Elle adressa un sourire à son fils qui continua à la regarder.
- Ce n’est rien Severus, juste un moment de faiblesse.
- Maman ?
- Oui ?
- Tu crois qu’il nous en veut ?
Eileen resta silencieuse un long moment en s’interrogeant elle-même. Puis, elle répondit :
- Qui c’est ce qu’il pense ?... Et qui c’est ce qu’il aime ?
- Je l’ai déçu c’est ça ?
Sa mère s’avança, s’accroupit et prit ses deux petites mains dans les siennes.
- Ne dit pas ça tu m’entends ? Tu ne dois pas t’en vouloir pour ce qu’il est. Il est comme ça un point c’est tout. C’est ton père.
- Mais…
- C’est ton père mais, tu as eu entièrement raison de lui montrer ce que tu valais. Même s’il sait à présent que tu ne seras jamais comme lui. Je suis fière de toi mon fils.
Le sourire qu’elle afficha ensuite finit de le convaincre.
Severus regarda sa mère avec tendresse. Il se sentait plus chanceux que n’importe qui quand il était avec sa mère et plus chanceux que jamais d’avoir une mère telle que Eileen Prince.

En pleine nuit, Severus se réveilla.
Il avait fait un horrible cauchemar. Pendant que lui était recroquevillé dans un coin d’une pièce de la maison, impuissant et ne parvenant pas à faire surgir la magie en lui pour protéger sa mère, l’émotion étant trop forte pour être contrôlée, son père criait sur sa mère, appuyée contre le mur opposé de la salle, encore une fois. Mais cette fois, c’était plus puissant. Ses cris lui perçaient les tympans et même ses mains plaquées sur ses oreilles les laissaient passer… Il s’était réveillé en sursaut en transpirant comme il ne l’avait jamais fait lors d’un cauchemar. Il se sentait trembler autant que si cela s’était produit en vrai, en direct et, son cœur battait fort contre sa poitrine. Il écouta. Il n’entendait personne crier. Loin de le rassurer, il se glissa hors des draps et, sur la pointe des pieds, traversa sa chambre pour se retrouver dans le couloir.
Les pieds nus sur le parquet et, vêtu d’une très longue blouse noire lui servant de chemise de nuit depuis qu’il avait quatre ans, il avança le long du couloir plongé dans l’obscurité.
Il s’arrêta devant la chambre de ses parents. Là encore, il n’entendait rien et s’apprêtait à rebrousser chemin lorsqu’il crut entendre des sanglots étouffés.
Severus se figea et se retourna sans faire de bruit.
Il approcha une main tremblante vers la poignée de la porte, sentit son métal froid l’envahir tout entier lorsqu’il y posa sa main et se sentit trembler malgré lui. Pourtant, il ouvrit la porte, doucement et observa par l’interstice ce qui se passait. Il vit la lueur d’une lampe à pétrole qui dispersait une lumière diffuse mais sommaire dans la pièce. De toute évidence, ses parents ne dormaient pas.
Severus ouvrit un peu plus grand la porte.
Il eut un aperçu de sa mère. Elle portait une robe de nuit blanche qui faisait paraître son visage plus pâle qu’il ne l’était encore. Severus avait qui plus est l’impression que son visage brillait par endroits.
A moins que ce ne soit les larmes qui coulaient sur ses joues qui faisaient cet effet de brillance?
Severus sentit son cœur se serrer et entra précipitamment dans la pièce pour courir vers sa mère et voir ce qu’elle avait.
- Maman !
Eileen eut à peine le temps de s’apercevoir de la présence de son fils qu’il lui avait déjà sauté dans les bras.
Severus se sentit alors presque aussitôt soulevé par une force immense et rejeté en arrière.
- Qu’est-ce que tu fais là ? demanda brutalement Tobias.
Severus regarda son père.
- Je…
Il eut l’impression qu’il faisait tout pour ne pas croiser son regard…
Tobias, en effet, ne faisait que faire semblant de le regarder. En réalité, son regard se dirigeait un peu au-dessus de lui. Auparavant, il n’avait pas peur de croiser son regard ! Il le regardait avec dureté, impitoyablement et maintenant, il évitait son regard avec mépris.
« Je ne suis pas un monstre !!! » pensa Severus sentant un mélange d’émotion monter en lui.
- Qu’est-ce que tu fais là ? répéta son père. Retourne dans ta chambre !
Mais Severus ne bougea pas.
- Je… J’avais entendu… un bruit.
- Tu as rêvé.
- Oui mais,… ce n’était pas qu’un rêve… J’en suis sûr.
- Je te dis que tu as rêvé et maintenant, sors d’ici.
Son père avait une voix plutôt calme. Anormalement calme.
Il lui saisit le bras et le poussa vers la porte. Severus tenta de se dégager, essaya de lutter mais son père le tenait très fort.
- Tu me fais mal !
- Alors, sors d’ici !
Il sentit la poigne de son père le relâcher.
- Non.
Il se retourna lentement vers son père et lui fit face.
- Quoi non ?
- Je ne veux pas sortir !
- Ah ouais ? ricana son père.
- Oui.
Sa voix tentait d’être ferme. Son regard, planté dans celui de son père, le défia pendant un moment. Néanmoins, il sentait sa résistance s’effriter au fur et à mesure qu’il luttait contre le regard de son père et sa réplique où il lut toute la haine et le mépris contre lui, le fit trembler sur ses jambes d’enfant.
- C’est ce qu’on va voir tiens !
Severus prit soudain peur et recula d’un pas.
- Tu ne toucheras pas à maman !
- Quel bon petit, répondit son père d’une voix doucereuse, il préfère sauver sa mère plutôt que lui-même.
Severus trembla sur ses pieds mais ne bougea pas. Il ferma les yeux un instant, essaya de se concentrer, de faire appel à la Magie. Quelques secondes plus tard, il rouvrit les yeux.
Son père était toujours devant lui, un sourire meurtrier sur le visage. Severus était incapable de bouger, de faire quoique ce soit d’autre que de rester le regard figé dans celui de son père. Il bouillonnait intérieurement mais il n’arrivait pas à faire appel à quoique ce soit, submergé par des émotions trop contradictoires : la peur et la colère à la fois. La Magie n’arrivait pas à décider. Il n’arrivait pas à décider.
La colère avait un effet libérateur sur sa magie et il pouvait par conséquent la décharger sur son père. Mais contradictoirement, la peur semblait en ce moment la paralyser.

Alors que son père levait la main au bout duquel se trouvait cette même ceinture que Severus avait déjà vu dans la journée, un éclair blanc traversa la pièce et vint le frapper en pleine poitrine. Il ne sembla pas comprendre immédiatement ce qui se passait. Son sourire machiavélique se figea en un instant comme sur un masque, et avant qu’il en ait pu s’apercevoir, il tomba à la renverse où il resta sur le sol, immobile, le bras qui tenait toujours la ceinture formant un angle étrange.
Severus ne bougea pas plus, toujours aussi paralysé. Il fixait encore son père qui se trouvait à présent droit, rigide sur le sol. Comme figé. Ou endormi, mis à part le fait que sa poitrine ne semblait pas se soulever au gré de sa respiration.
Le Petit Prince leva lentement son regard vers sa mère, cherchant en elle tout le réconfort qu’il trouverait sûrement. Il la vit alors. Elle s’était relevée. Néanmoins, son visage avait pâli et une expression de frayeur s’était affichée sur ses traits.
Elle était devenue livide lorsqu’elle s’était rendue compte de ce qu’elle avait fait. Elle avait encore le bras droit tendu, la baguette magique que Severus avait déjà vu plus tôt dans la journée, dans sa main qui tremblait. Elle l’abaissa lentement contre son corps, ses doigts tremblants la lâchèrent et celle-ci tomba sur le sol. Eileen se laissa elle aussi tomber sur les genoux et la tête dans les mains, semblait déjà regretter ce qu’elle venait de faire.
Severus baissa le regard de nouveau sur son père, le regardant comme s’il s’attendait à ce qu’il se relève, à ce qu’il lève de nouveau son bras pour le frapper de la ceinture qu’il tenait toujours serrée dans sa main… Mais il ne bougea pas.
Alors il commença à s’inquiéter. Ne pouvant toujours détacher ses yeux du corps allongé au sol, Severus le contourna lentement comme s’il craignait de le réveiller puis l’ayant dépassé, il se mit à se retourner d’un coup et à courir vers sa mère. Lorsqu’il s’agenouilla à ses côtés, il vit des larmes couler abondamment sur son visage. Mais il n’entendit aucun sanglot comme si elle pleurait en silence et que les seules marques de son chagrin, ou de son remords, étaient ces larmes. Il la vit relever la tête vers lui, le visage humide mais les yeux secs et elle le prit dans ses bras.
- Il n’avait pas le droit de s’en prendre à toi, entendit-il sa mère lui murmurer à l’oreille.
Severus resta silencieux dans les bras de sa mère. Il ne parla pas, il savait qu’il n’y avait rien à dire. Il avait lu dans le ton de sa voix qu’elle était désemparée d’avoir eu à faire ce geste mais qu’elle avait agi aussi pour le protéger, comme lui avait voulu le faire, cet après-midi-là.


Chapitre 8
When love touch you // Quand l’amour vous tient…

Peu après, Eileen avait conduit son fils en-dehors de la chambre et l’avait recouché. Ce n’était pas pour autant que Severus avait pu se rendormir mais, elle voulait sans doute lui soustraire la vue de son père. Pourtant, pendant qu’il entendait des allers-retours incessants dans sa chambre comme si elle ne savait pas quoi faire mais qu’elle tentait pourtant de trouver une solution, Severus ne pouvait enlever la vision de son père, étendu sur le sol de la chambre. Sans arrêt, ses yeux cruels se fixaient dans les siens, sans aucune émotion. Sans arrêt, il voyait cet éclair de lumière blanche. Etait-ce cela un sortilège ? Sa mère en avait-elle lancé un ? La première fois qu’il l’avait vu lancer un sortilège, plus tôt dans la journée, il n’y avait pas eu cet éclair aveuglant de lumière blanche… Pas autant. Sans arrêt, il voyait le sourire machiavélique se figer sur le visage de son père, se raidir. Sans arrêt, il le voyait tomber en arrière, droit et ne plus bouger. Sans arrêt, il le voyait se rapprocher de lui, en tirant sa ceinture parce que lui, son fils, avait osé lui désobéir.

Au petit matin, lorsque Severus se réveilla, la maison semblait silencieuse à nouveau. Les allers-retours incessants dans les couloirs et la chambre de ses parents avaient cessé. Le petit Prince se leva, enfila ses vêtements et ses chaussures et sortit de sa chambre. Il lui semblait irréel tout ce qui s’était déroulé pendant la nuit et il voulait s’en assurer. Il avait rêvé que son père lui avait crié dessus, qu’il avait sorti une ceinture pour lui donner une correction mais, son visage s’était soudain figé, Severus avait vu un éclair blanc, aveuglant et il avait vu son père tomber en arrière, immobile, sans vie apparente. Et à présent, il craignait que ce ne fut la réalité. Il craignait sans craindre tout en le craignant quand même. Car même s’il n’aimait pas son père, il n’avait jamais espéré sa mort.
- Severus ?
Il s’arrêta devant sa mère. Elle venait de sortir de sa chambre.
- Que se passe t-il mon petit Prince ?
- Je… Je n’arrivais plus à dormir et… j’ai fait un… enfin, un drôle de rêve. J’avais… l’impression que ça n’en était pas un…
Sa mère s’agenouilla devant lui.
- Quel genre de rêve Severus ?
- Je… j’ai rêvé de père. Il me criait dessus et il levait une ceinture. Et puis, je me souviens d’un éclair de lumière blanc…
Mais Severus s’arrêta en voyant le regard de sa mère s’assombrir soudainement. Il resta silencieux un moment puis…
- C’était vrai ?
Le regard de sa mère sembla se faire lointain comme s’il cherchait à éviter une réalité puis il revint son fils qui la regardait avec un regard innocent, inquiet soudain mais cherchant à connaître la vérité.
- Ce n’était pas un rêve, tu as raison.
- Alors, père est…
Sa mère acquiesça.
- C’est de ma faute… je me suis laissé aller, il allait s’en prendre à toi et… je n’ai pas pu rester à ne rien faire.
- C’est pas ta faute, assura Severus de sa petite voix réconfortante.
Sa mère lui sourit puis elle se leva.
- Il faut qu’on organise l’enterrement. Et il faut apprendre la nouvelle… à tout le monde.
Severus discerna de l’appréhension dans sa voix.
- Je vais t’aider.
Avec un sourire, Eileen passa une main dans les cheveux de son fils et lui adressa un sourire reconnaissant envers tout ce qu’il lui apportait.

***

Severus avait revêtu une de ses meilleures chemises. Sa mère avait passé le matin toute son armoire au peigne fin afin de lui trouver une tenue convenable. Elle ne voulait pas qu’il fasse mauvaise impression sur les voisins en ce jour… particulier. Elle-même avait revêtu une robe noire, lisse et sans plis et avait ramassé ses cheveux noirs en chignon.
Severus attendait à présent dans le salon et regardait sa mère en face de lui qui regardait par la fenêtre de la salle. Ses yeux ne la quittaient pas et n’osaient se poser sur l’escalier qui montait au premier étage, là où il savait que se trouvait son père, allongé sur le lit dans son meilleur costume que sa femme lui avait fait revêtir. Il ne se sentait pas à l’aise et avait hâte que la journée soit terminée pour qu’il puisse aller dans son lit et dormir, et ne plus penser à leurs voisins qui allaient d’un moment à l’autre débarquer dans leur maison, leur faire leurs condoléances pour un homme que Severus n’aimait pas et qui était pourtant son père. Il ignorait pourquoi mais, il ne ressentait de la peine que pour sa mère même en sachant que son père était… était… Impossible, il n’arrivait pas à prononcer ce mot… Même en sachant qu’il était mort. Il ressentait du soulagement au fond de lui. Peut-être que désormais, sa mère et lui allaient être plus heureux ?
Cette idée le comblait de joie. Pourtant, il essaya de garder un visage impassible, un visage qui portait les traces d’un profond deuil. Pour sa mère, il le voulait. Car, si les voisins s’apercevaient qu’il n’était pas réellement triste de la mort de son père, qu’allaient-ils penser de lui et par la même occasion, de sa mère ?
Il sortit de ses pensées au moment où sa mère passait devant lui pour sortir de la pièce. Severus se précipita sur ses talons. Sans doute les voisins arrivaient-ils ?
Il rejoignit sa mère alors qu’elle ouvrait la porte d’entrée. Severus eut tout juste le temps de reconnaître deux vieilles dames qui paraissaient tellement âgées que Severus s’était souvent demandé comment elles pouvaient être encore en vie et être aussi alerte ?
Il ne les aimait pas. L’une d’elle, lorsqu’elle le rencontrait dans la rue, lui ébouriffaient à moitié les cheveux pour lui dire bonjour et étant donné que cela se produisait à chaque fois qu’elle le voyait, il faisait de gros efforts pour ne pas s’enfuir en la voyant. Chaque fois qu’il la reconnaissait de loin, sa tête se tournait de droite à gauche et cherchait une issue à tous prix pour lui échapper. Il se cachait dans une ruelle en attendant son passage et ressortait seulement après être sûr qu’elle était partie. De plus, elle avait la fâcheuse habitude de lui parler comme à un bébé, comme s’il ne comprenait pas ce qu’elle lui disait.
D’ailleurs, alors qu’il était dans ses pensées, il sentit à ce moment, ses cheveux s’aplatir et la voix de la vieille femme lui dire :
« Oh, mon pauvre petit, je suis désolée pour toi, tu dois être vraiment chamboulé… »
Severus ne répondit pas. Il se contenta de la regarder. La femme sembla mettre ce comportement sur le fait qu’il était encore sous le choc de la mort de son père. Elle lui sourit et s’adressa ensuite à Eileen.
- Toutes mes sincères condoléances Madame Rogue.
Sa mère acquiesça en lui adressant une tentative de sourire.
La deuxième vieille femme qui l’accompagnait entra elle aussi et prit la jeune femme dans ses bras en sanglotant presque.
- Il était tellement…
Mais Severus ne sut jamais ce que son père était pour cette femme car ses derniers mots se perdirent dans ses sanglots.
- Je suis désolée pour vous deux. Si je peux faire quelque chose pour vous et votre fils, n’hésitez pas à venir me le demander, avait-elle reprit. Quel désespoir de voir une famille si heureuse de toute évidence être brisée par la perte d’un être cher.
Severus ne répondit rien mais se contenta de la fixer de ses yeux noirs et assez surprit.
Il n’avait encore jamais remarqué que leur famille paraissait aux yeux des voisins comme… heureuse. Simplement heureuse.
Ce seul mot restait coincé dans le gorge du fils de Eileen Prince.
Plus il la regardait, plus il éprouvait de l’antipathie pour cette femme. Sachant qu’elle aimait bien son père, il ne pouvait s’empêcher de la mépriser.
Au grand désespoir de Severus, la femme s’adressa ensuite à lui. Se cramponnant de plus belle à la robe de sa mère, il le regarda. Il aurait préféré qu’elle ne le voie pas du tout…
- Mon pauvre petit…
Mais elle n’ajouta rien de plus et une seconde plus tard, elle le prit dans ses bras… Severus sentit une odeur presque écoeurante qu’il avait senti une seule fois dans sa vie lorsqu’il se promenait dans les marais en contrebas du village.
Fort heureusement, la femme le relâcha et avec un dernier sourire réconfortant, elle s’éloigna et se dirigea vers l’escalier du premier étage pour donner un dernier hommage à Tobias Rogue. Avec l’impression que l’odeur des marais ne le quitterait jamais plus, Severus enfouit son visage dans la robe de sa mère pour s’imprégner de son odeur et oublier celle qu’il venait de sentir.
Eileen allait refermer la porte d’entrée lorsqu’elle arrêta net son geste en voyant que d’autres voisins arrivaient. Ainsi, Severus dû encore supporter pendant un quart d’heure sans discontinuer que des vieilles dames le prennent dans ses bras et lui adressent des sourires compatissant mêlés à des larmes.
C’est alors qu’arriva ensuite une jeune femme aux cheveux châtains qui tenaient par la main deux petites filles d’à peu près le même âge que Severus.
Les mains qu’il tenait cramponnées à la robe de sa mère la relâchèrent aussitôt sans qu’il s’en soit rendu compte et ses yeux s’agrandirent de surprise tandis que son petit cœur d’enfant de sept ans s’accélérait d’un coup. Avec l’impression qu’on lui avait renversé un saut d’eau glacé dans le dos, Severus vit la petite famille s’arrêter devant sa mère et lui. Il vit la femme ouvrir la bouche pour parler mais il ne paraissait pas pouvoir saisir un seul mot de ce qu’elle disait. Son cœur battait tellement fort qu’il crut que tout le monde allait l’entendre aussi et ses battements semblaient se répertorier dans tout son corps jusqu’à son cerveau… Au lieu de comprendre ce que la femme leur disait, c’était son cœur qu’il entendait plus nettement que jamais. Il lui semblait qu’il avait été mis subitement dans une pièce isolée et qu’aucun autre bruit de l’extérieur ne pouvait lui parvenir.
Ses yeux étaient fixés sur la fillette à la droite de sa mère. Des cheveux roux, des yeux verts en amandes rieurs, c’était à peine s’il pouvait respirer.
Il vit alors les deux mères se serrer dans leur bras puis la mère de la fillette rousse aux yeux verts s’accroupit devant lui et lui parla :
- Ca va ? Comment te sens-tu ? Tu as l’air pâle mon pauvre petit… c’est inhumain de faire vivre une telle épreuve à de si jeunes enfants.
Severus la regarda sans parler. Sa voix avait la douceur du vent caressant les collines de Spinner’s End un soir d’été. Lentement, il hocha la tête, incapable encore de parler.
La jeune femme sourit et l’une des filles s’approcha de lui et lui adressa un sourire et un je suis désolée. Ce n’était pas vraiment la même voix que celle de la mère mais Severus ne s’en formalisa pas et lui répondit merci. La fillette hocha la tête d’un air raide et laissa la place à sa sœur… ce qui accentua encore le malaise de Severus et l’impression que son cœur était compressé entre deux étaux.
La petite fille était à peine plus petite que lui et son regard emprunt de véritable tristesse et de compassion, elle lui dit : « Je suis vraiment désolée pour toi ». Elle avait exactement la même voix que sa mère et la douceur de son regard que Severus sentait posé sur lui finit de lui enlever la parole. Un deuxième seau d’eau glacé semblait avoir été renversé dans son dos alors qu’il ouvrait la bouche pour parler une première fois.
- Merci, parvint-il à prononcer la seconde fois, la voix un peu rauque.
La petite fille lui sourit et ce simple sourire sembla transpercer de part en part le cœur du petit Severus. L’instant d’après, il ressentit une onde de chaleur se répandre dans tout son corps.
- Vous voulez montre là-haut Madame Evans ? demanda sa mère. Peut-être vaudrait-il mieux laisser vos enfants en bas pendant que vous êtes en haut ? Ce n’est pas réellement un spectacle pour de si jeunes enfants…
- Vous avez raison. Pétunia et Lily ont vraiment insisté pour venir avec moi mais il vaut peut-être mieux qu’elles m’attendent en bas.
Tandis qu’elle se penchait vers ses filles, Severus répéta dans sa tête… « Pétunia, Lily, Pétunia, Lily… ». Il observait tour à tour les deux sœurs en essayant de déterminer qui était la fillette rousse. Etait-elle Pétunia ? Ou Lily ? Pétunia ?... Non, impossible… Lily ?...
Alors que son instinct le poussait à penser qu’elle devait être Lily… ce nom sonnait tellement doux à l’oreille qu’il ne pouvait penser que ce n’était pas elle qui s’appelait ainsi, il entendit l’une d’elle répondre :
- Oui, maman.
Sortant de ses pensées en entendant la voix angélique de la fillette rousse, il vit sa sœur hocher la tête elle aussi et leur mère se relever.
- Je vous les confie un moment, dit-elle à la mère de Severus.
Eileen hocha la tête et Madame Evans s’éloigna pour monter au premier étage avec un dernier signe de la main à ses filles.
Severus la suivit des yeux un instant. Mais il tourna la tête lorsqu’il entendit sa mère demander aux deux filles :
- Alors, qui est Lily ? Et qui est Pétunia ? En tous cas, c’est très gentil à vous d’avoir voulu accompagner votre mère. Ca nous fait très plaisir.
- De rien, nous voulions nous aussi vous témoigner notre tristesse.
Sa sœur, aux cheveux roux, acquiesça aussitôt.
La petite fille avec les cheveux noirs et qui paraissait la plus grande s’avança d’un pas et se présenta comme étant Pétunia. Les yeux de Severus se posèrent alors sur la seconde fille. Elle s’appelait donc bien Lily. C’était bien elle. Alors qu’il l’observait, ses yeux se détournèrent précipitamment lorsqu’il s’aperçut qu’elle avait tourné le regard vers lui et qu’elle le regardait. Lily parut étonnée mais ne dis rien.
- Alors, toi tu es Lily ? ajouta Eileen d’une voix douce à la cadette.
La dénommée Lily regarda la mère de ce jeune garçon étrange et acquiesça.
- Oui madame.
- Enchanté vous deux. Moi, c’est Eileen et voici mon fils, Severus.
Severus sentit deux regards se braquer sur lui et il n’osa pas les regarder. La regarder surtout elle.
Eileen regarda son fils avec surprise. Il paraissait étrange…
- Severus, tout va bien ?
Il acquiesça aussitôt et avant qu’il ait pu parler, sa mère se retourna de nouveau vers l’entrée de la maison en voyant deux autres personnes arriver.
Alors que tous trois se tournaient vers les nouveaux arrivants, Severus en profita pour jeter un coup d’œil à la silhouette vu de profil de Lily.
- Bonjour Madame Pieters.
- Bonjour, j’ai appris la nouvelle…
La voix de la femme qui parlait, échappa à Severus dont l’attention était attirée à elle seule vers la silhouette de Lily à deux mètres de lui, aux côtés de sa soeur. Il aurait voulu qu’elle se tourne un peu pour qu’il puisse la voir de face encore une fois mais, si elle le faisait, elle verrait immédiatement qu’il la regardait et il ne voulait pas qu’elle s’en aperçoive. Mais il voulait revoir ces yeux verts… son visage rieur et innocent… Il se força à les oublier mais, ceux-ci ne voulaient pas s’en aller de son esprit…
- Severus ?
Celui-ci faillit faire un bond de surprise en reconnaissant la voix qui avait prononcé son nom. Il regarda celle qui l’avait interpellé et resta figé sous son regard.
- Ca va bien ? répéta t-elle avec une lueur d’inquiétude dans la voix.
- Oui… ça va.
- Tu as l’air tout pâle…
- Non… non, ça va bien…
Elle sembla incertaine un instant, ses yeux verts scrutant les yeux noirs de Severus en se demandant s’il lui répondait la vérité car il semblait vraiment malade…
Severus s’aperçut que sa sœur elle aussi le regardait, d’une manière plus que soupçonneuse néanmoins, l’exacte contraire de sa sœur. Soupçonnait-elle déjà quelque chose ?
Severus prit un air plus assuré. Il se raffermit sur ses jambes, se redressa et essaya d’afficher un visage neutre avec l’ombre d’un sourire pour les convaincre que tout allait bien.
- Il est bizarre je trouve…
- Mais non Pétunia, il est simplement un peu timide et bouleversé. C’est normal avec ce qui lui est arrivé.
- Je… Je ne suis pas bizarre, ajouta t-il à voix basse.
Lily sembla l’avoir entendu.
- Bien sûr que non, répondit-elle en lui adressant un sourire.
Le visage de Severus s’empourpra d’un coup.
- Tu es simplement bouleversé. Ca doit être très dur pour toi…
« Très dur pour moi ?... Oui, très dur de réussir à soutenir son regard… Non, ce n’est pas de ça qu’elle parle… arrête de faire l’idiot Sev’ ! »
- Oui, répondit-il simplement.
Lily fit un signe de tête.
- Je te comprends.
Elle le comprenait… Elle le comprenait ? Severus sentit ses entrailles se mettre à danser la salsa au fond de lui. Un sourire s’élargit sur son visage.
- C’est… vrai ?
- Bien sûr.
- Bon, intervint Pétunia entre ses dents, si je vous dérange, dîtes-le moi…
Lily se tourna vers sa sœur, surprise.
- Evidemment non.
Severus lui adressa un regard où on lisait la colère d’avoir interrompu leur discussion.
- Evidemment s… non.
Il avait failli dire l’exact contraire de ce qu’avait dit Lily à sa sœur et il s’était rattrapé à temps.
Pendant cette brève discussion entre Severus, Lily et Pétunia, quatre personnes étaient passées devant eux et étaient montées à l’étage. Mais Severus n’en avait vu aucune passer.

Madame Evans redescendit enfin du premier étage et Severus la regarda revenir avec déception car il devinait que Lily n’allait pas tarder à s’en aller.
Pendant qu’il la regardait du coin de l’œil sans oser une seule parole, il entendit leur mère demander à la sienne quand était prévu l’enterrement et avec un peu d’espoir, il se mit à penser que peut-être, il reverrait Lily ce jour-là. A cette pensée, son cœur se remplissait déjà de joie.
- Dans deux jours à 11 heures, répondit Eileen.
- C’est d’accord. Ne vous inquiétez pas, je serai là. Jusque là, si vous avez besoin de quoique ce soit, n’hésitez pas à m’appeler. C’est d’accord ?
- Merci beaucoup. C’est gentil à vous Madame Evans.
Celle-ci sourit et se tourna vers ses filles.
- Allez les filles, vous venez ?... Au revoir… euh…
- Severus Madame, répondit-il en s’apercevant qu’elle ne connaissait pas son nom.
- Au revoir Severus, reprit-elle avec un sourire.
Il crut sur le coup entendre un écho de la même voix car juste après, il entendit ces trois mots résonner encore à ses oreilles. Mais ce n’était pas du tout un écho. Juste Lily qui lui disait au revoir à son tour.
- Au revoir, lui répondit-il.
Il croisa le regard de la sœur et s’obligea un peu à lui dire également…
- Au revoir.
Pétunia fit un signe de tête.
- Au revoir.
Lily et Pétunia prirent chacune l’une des mains de leur mère et tous trois descendirent les marches du perron. Severus les suivit des yeux jusqu’à ce qu’il ne puisse plus les voir.
à deux mètres de distance, Eileen Prince marchait, la tête enveloppée d’un châle noir et tenant son fils par la main.

Chapitre 9
L’enterrement

A 11 heures le lendemain matin, une file de quinze silhouettes enveloppées dans des manteaux fourrés noirs marchaient à lente allure sur la route principale du petit village de Spinner’s End qui menait au cimetière à quelques distance de la petite route.
Au devant de la lente procession, une carriole drapée de noir et tirée par deux étalons noirs ébène, menait la route. Juste derrière elle, à deux mètres de distance, Eileen Prince marchait, la tête enveloppée d’un châle noir et tenant son fils par la main.
A la suite se trouvaient les treize autres villageois qui avaient voulu accompagner la procession et rendre un dernier hommage à Tobias Rogue.
Avant leur départ, Severus avait tourné sa tête dans tous les sens, les sens en alerte, mais il n’avait vu ni Lily, ni sa sœur ni même leur mère. Avec un sanglot coincé dans la gorge, il avait suivit la carriole qui venait de se mettre en route.
C’était sans espoir, il ne la reverrait pas.
Il marchait à présent aux côtés de sa mère, les yeux fixés sur le sol irrégulier et humide par la pluie qui était tombée pendant la nuit. Des murmures dans son dos lui rappelaient qu’ils n’étaient pas seuls dans l’accompagnement de l’ultime aventure de son père.
Un peu plus loin en arrière, trois silhouettes, un adulte et deux enfants se dépêchaient de rattraper la fin de la file. Puis, les trois personnes adoptèrent la même allure que les autres.

L’arrivée au cimetière du petit village se fit toujours dans le plus grand des silences et alors que tout le monde se trouvait devant la fosse profonde qui servirait de tombe à Tobias Rogue, le silence se maintint durant tout le discours solennel du prêtre.
Severus n’osait pas lever les yeux et il fixait avec appréhension la profondeur de l’immense fosse où serait enterré son père comme s’il craignait que celui-ci, une fois belle et bien enterré, trouverait le moyen de ressortir pour venir gâcher de nouveau sa vie et celle de sa mère.
Eileen Prince, tenant la main de son fils dans la sienne, avait gardé le châle qui lui dissimulait à moitié le visage et elle fixait d’un regard vide en face d’elle.
On entendait parfois autour d’eux des sanglots intervenant au milieu du silence pesant. Mais la plupart des personnes contenaient leurs sanglots. Seuls leurs visages étaient humides et démontraient de leur tristesse infinie.
Pendant le discours solennel du prêtre au sujet de son père, Severus n’écoutait qu’à moitié. Ce discours lui semblait ne pas correspondre du tout au portrait de son père et de cette façon, il avait l’impression que celui qu’on enterrait ce jour-là, n’était pas son père. Des mots comme bonté et respectueux ne lui paraissait pas familier en ce qui concernait Tobias Rogue. Severus restait néanmoins silencieux, se faisait le plus petit et insignifiant possible entre toutes ces grandes personnes. Il avait appris depuis son plus jeune âge à passer inaperçu. Il suffisait qu’il garde les yeux baissés vers le sol et personne ne faisait attention à lui. Si quelqu’un le regardait à ce moment, il penserait simplement qu’il était trop triste pour pouvoir supporter la vue de son père allant bientôt être enterré. Ainsi, il échapperait à leurs propos qui se voulaient réconfortants mais qui l’ennuyait en vérité : Ils ne voudraient certainement pas lui rappeler cette perte trop difficile déjà à songer et encore plus, à communiquer par la parole. Et puis, ce rôle là, Severus ne voulait pas qu’ils l’aient. Il appartenait à sa mère et il ne voulait donner ce rôle à personne d’autre… (Mis à part peut-être… Lily). En réalité, Severus attendait avec impatience qu’ils puissent enfin quitter le cimetière. Il n’aimait pas cet endroit. Toutes ces pierres tombales, ces noms gravés à jamais sur ces pierres, cette ambiance sinistre… Du haut de ses sept ans, Severus n’aimait pas les cimetières.
La voix du prêtre se tut enfin et le cercueil du défunt fut descendu dans la fosse où elle reposerait à jamais. A cet instant, Severus releva la tête et la regarda descendre progressivement… Puis, un poids sembla se décharger de ses épaules. Il entendit alors un sanglot à sa droite et leva les yeux vers sa mère. Elle avait dû se forcer le plus longtemps possible à ne pas fondre en larmes, à ne pas laisser les émotions prendre le dessus mais, elle n’avait pu se retenir plus longtemps. Le cœur brisé en voyant les larmes de sa mère, Severus entoura sa mère de ses petits bras et enfuit sa tête dans le devant de sa robe. Il sentit une main se poser sur ses cheveux. Les larmes se raréfièrent et cessèrent une minute environ après, son fils lui ayant de nouveau communiqué le courage nécessaire pour tenir jusqu’à la fin de l’enterrement.
Chacune des personnes présentes passèrent ensuite l’une après l’autre devant la fosse de l’ultime résidence de Tobias Rogue en y jetant une poignée de terre. Chacun leur tour, ils passèrent ensuite devant Eileen et son fils et leur exprimèrent leur profonde gratitude une nouvelle fois. Eileen les remercia les uns et les autres puis Madame Evans vint vers eux elle aussi. Severus se sentit défaillir en voyant que ses deux filles l’accompagnaient. Il n’y eut pas de mots d’échangés entre les deux mères, juste un regard où tout était dit et elles se prirent dans les bras. Severus entendit sa mère murmurer un merci beaucoup. C’est alors qu’il sentit près de sa joue une sorte de fourrure et il entr’aperçut un éclair rouge. Quelqu’un l’étreignait aussi. Il reconnut la personne avant de la voir. Il y avait tellement de douceur et de sincérité dans cette étreinte qu’il ne doutât pas un instant de son identité. La fillette se recula quelques secondes plus tard et il vit un visage entouré de cheveux roux et longs, des yeux verts brillants de bonté et un sourire timide mais sincère inscrit sur son visage. Ses yeux étaient encore humides.
- Merci, murmura-il, le regard brillant.
Lily acquiesça mais n’ajouta rien.
Elle n’avait pas besoin d’ajouter quelque chose. Son regard seul, parlait. Severus le voyait.
Sa sœur s’était approchée également juste à côté d’elle et avait parlé.
- Je suis désolée moi aussi pour toi.
Son regard n’avait pas du tout la même chaleur. Plus réservé, plus droite, moins d’émotions le traversait lorsqu’il se posa sur lui. Severus vit néanmoins qu’il était sincère.
- Merci, murmura t-il.


Chapitre 10
Débarquement surprise

Lily, Severus et Pétunia étaient ensemble ce jour-là dans le salon de la maison rue Spinner’s End, donc dans la maisons des Rogue. Leur mère rendait souvent visite à Eileen Rogue depuis leur première rencontre puis, pendant qu’elles passaient leur après-midi à discuter et à boire un thé dans la cuisine, les enfants se retrouvaient dans le salon à parler. Autant dire que Severus attendait ces moments avec impatience tous les soirs. Elles venaient généralement deux fois par semaine. Alors ces deux jours-là, il les chérissaient à chaque fois !
La plus enthousiaste des deux soeurs était Lily sans aucun doute. Severus n’arrivait pas à savoir pourquoi mais la sœur aînée semblait plus réticente à rester dans la maison de la famille Rogue, même en présence de sa sœur et de grandes personnes. Tout lui paraissait étrange dans la maison, des pièces sombres de la demeure austère à l’allure dégingandée et chétive de Severus. Mais celui-ci n’y prêtait pas attention car il avait tout ce qui pouvait le mettre de bonne humeur : Lily et parler avec elle. En-dehors de cela, tous les autres enfants pouvaient bien lui tourner le dos, cela n’avait aucune importance. Il lui suffisait de la regarder, ses yeux sombres plongés dans le vert étincelant de ses yeux et tous les malheurs qu’il avait vécus s’effaçaient, de même que tout ce qui l’entourait.
Cet après-midi-là, tous deux était assis sur le vieux tapis vert émeraude qui se trouvait au centre du petit salon, dans lequel la seule fenêtre de la pièce déversait la chaude lumière d’un soleil printanier. Pétunia était elle aussi assise sur ce tapis, un peu en retrait néanmoins du cercle qu’ils formaient tous deux. Elle était de plus recroquevillée sur elle-même, les bras autour de ses jambes repliées comme si elle tenait à ne pas prendre trop de place.
- Quels trucs bizarres ? demandait Severus, l’intérêt soudain éveillé.
Lily regarda autour d’elle, apeurée, puis elle répondit en baissant la voix.
- Des trucs bizarres.
Severus la regarda toujours indécis mais elle semblait incapable d’en dire plus. Son regard exprimait un sentiment de frayeur. Elle avait sûrement peur qu’il se moque…
Comme s’il allait se moquer… Plutôt mourir que se moquer d’elle.
- Je ne me moquerai pas, tu peux en être sûr.
Le peu de malaise s’évanouit alors de son regard et elle reprit confiance en elle.
Elle ne lança pas un regard vers Pétunia qui, elle le savait, avait pris un regard fermé.
- Ne lui dis pas, murmura alors celle-ci.
Elle avait à peine ouvert les lèvres pour parler et Severus se demanda si c’était bien elle qui avait prononcé cette phrase.
- Pourquoi ? Il a dit qu’il ne se moquera pas et j’ai confiance en…
- Maman ne voudrait pas… Maman a dit…
Severus regardait alternativement les deux sœurs.
Qu’est-ce qui pouvait bien provoquer un tel désaccord entre Lily et Pétunia Evans ?
- Je te dis qu’on peut lui faire confiance Tunie !
- Et moi, je n’ai pas confiance !
- Moi, si ! Et je ne te demande pas ton avis… Moi, j’ai confiance, il a dit qu’il ne se moquera pas et je suis sûre qu’il n’ira pas courir partout pour le répéter à tout le monde !
- Non, ça c’est sûr, pensa t-il.
Pétunia croisa les bras sur sa poitrine, en petit chef, et le regard lançant des éclairs, elle se détourna de tous les deux.
- Fais comme tu veux. Je t’aurai prévenu.
Une idée avait commencé à germer dans l’esprit de Severus à la fin de leur échange « explosif » … Et il se tourna de nouveau vers Lily…
- Tu as fait de la Magie ? demanda t-il en un murmure.
Les deux sœurs sursautèrent, surtout l’aînée, et Pétunia émit un petit cri de stupeur.
- De la quoi ? demanda Lily.
C’était les seuls mots qu’elle avait pu prononcer.
- De la Magie, reprit le petit garçon aux cheveux noirs, le regard brillant maintenant d’impatience de savoir si oui ou non elle était comme lui.
- De la magie ? Non, bien entendu !
Severus plongea ses yeux dans les siens afin d’y découvrir la vérité.
L’espace d’un instant, un éclair de frayeur avait traversé l’éclat émeraude de ses yeux.
- Même si c’est le cas, il ne faut pas que tu aies peur. La Magie c’est bon. C’est ma mère qui me l’a dit. Et je la croie.
Lily resta silencieuse.
- Qu’est-ce que tu as fait comme Magie ? demanda de nouveau Severus, la voix presque vibrante d’enthousiasme.
- J’ai…
- Non !
- Oh, tais-toi Tunie !
Pétunia se mura aussitôt dans un silence obstiné, les bras croisés sur sa poitrine.
- Une fois j’ai… je ne sais pas comment mais… Je regardai une fleur et j’étais en train de l’imaginer comment elle serait belle quand le printemps serait venu et… elle est devenue pareille !!! Elle a fleuri devant mes yeux, les pétales se sont ouvertes, elle… C’était tellement beau… Je ne savais pas ce qui s’était passé mais… j’ai préféré ne rien dire à mes parents au départ… jusqu’à ce qu’ils le découvrent eux-mêmes lorsque j’ai… réparé devant leurs yeux le vase que ma mère venait de recevoir… Tu comprends elle y tenait beaucoup et elle était presque en train de pleurer de l’avoir cassé alors…
- Alors tu as senti la Magie t’envahir toute seule et tout est venu facilement comme si tu l’avais toujours eu en toi ?
Lily acquiesça lentement. Elle regardait fixement le petit garçon aux cheveux noirs un peu trop long assis devant elle. Il avait exactement exprimé l’impression qu’elle avait ressenti. Etait-il… pareil qu’elle ?
Severus n’en croyait pas ses oreilles. Elle avait réussi à accélérer la croissance d’une fleur, d’accélérer l’ordre de la nature… par le seul pouvoir de la Magie ? Décidément, plus il en apprenait sur la Magie, plus son admiration et son envie de mieux la maîtriser augmentaient. Et puis, c’était tellement beau ce qu’elle avait fait ! En même temps, il ne pouvait penser qu’elle pouvait faire quelque chose de mal. C’était tout simplement inimaginable !
- Mais… commença Lily en hésitant un peu. Toi aussi, tu as…
Severus acquiesça.
Il y eut un nouveau petit cri provenant de l’endroit où se trouvait Pétunia mais Severus n’y fit pas attention. Il ne lâchait pas Lily des yeux.
- … Tu as fait de la Magie ?
Severus acquiesça de nouveau.
- Il y a trois semaines pour la première fois. J’étais très… surprit. Je n’ai pas réalisé sur le coup.
Lily se contenta d’acquiescer, signe qu’elle comprenait ce qu’il avait ressenti.
- Et tu as fait quoi ?
- J’ai…
Rien que d’y repenser, le cœur du jeune garçon se serra.
- Je… J’ai protégé ma mère… de mon père.
Il sentit le regard de Lily sur lui, de manière insistante.
- Il… lui criait dessus…
Le regard de la petite fille rousse devint cette fois plus inquiet.
- Tu n’es pas obligé tu sais…
- Merci.
Il n’aurait pas pu en dire davantage et il fut soulagé qu’elle comprenne si vite que c’était quelque chose de difficile à évoquer pour lui. Il tenta une esquisse de sourire vers elle lorsqu’il crut percevoir une sorte de crépitement venant de derrière lui.
Il tourna la tête dans tous les sens et ses yeux se fixèrent sur la cheminée.
Pendant qu’il entendait un autre petit cri de stupeur de la part de Pétunia et que Lily avait un mouvement de recul, il resta fixement face à la cheminée, se demandant ce qui lui arrivait. Une forme alors se matérialisa sur les cendres dans l’âtre et la silhouette nouvellement apparue atterrit au milieu du salon.
Un homme de haute stature, les yeux noirs, les traits durs et portant une cape noire doublée de velours, venait de faire son apparition dans le salon de la maison de la famille Rogue.

***


Il sortit alors presque aussitôt de sa cape une autre de ces baguettes magiques dont sa mère lui avait parlé et la pointa sur les deux inconnues se trouvant en ce moment dans le salon. Severus mit à peine un quart de seconde à comprendre et cria en se plaçant devant Lily pour la protéger.
- Ne lui faîtes pas de mal… c’est une sorcière !
Il avait senti instinctivement qu’en ajoutant que c’était une sorcière, l’homme ne l’attaquerait pas. Et il était certain d’avoir eu raison.
L’inconnu n’abaissa pas sa baguette si ce n’est qu’il la pointa vers l’autre petite fille encore plus tremblante de l’autre côté de la pièce, son regard comme de l’acier dirigé vers elle.
- Et elle, c’est sa soeur ! s’écria de nouveau Severus. A elle non plus, ne lui faîtes pas de mal ! S’il vous plaît, ajouta t-il la voix tremblante.
Le sorcier abaissa cette fois sa baguette et son regard se dirigea alors pour la première fois sur le petit garçon qui venait de prendre la défense de ces deux petites filles.

Chapitre 11
Les liens de la famille

- Alors comme ça, c’est toi Severus.
Ce fut ses premières paroles.
Severus resta néanmoins sur sa défensive et ne bougea pas de la place où il se trouvait. Lily restait immobile elle aussi et osait à peine respirer. Pourtant, Severus savait qu’elle était toujours derrière lui car il entendait sa respiration qu’elle tentait de tranquilliser. Qui était cet inconnu qui venait de débarquer par… par la cheminée ?! Pourquoi avait-il pointé sur eux un… bâton ? Et pourquoi… pourquoi avait-il ce regard si… si noir lorsqu’il les avait regardé, si dénué de sentiments ? A cet instant, Lily admira Severus qui lui avait tenu tête. Et apparemment, l’homme l’avait écouté puisqu’il avait abaissé ce qu’il tenait dans sa main. Etait-ce une arme ?
Severus resta sur sa défensive. Qui était cet homme ? Pourquoi venait-il de débarquer de nul part de la cheminée ?... Ne savait-il utiliser une porte ? pensa t-il ironiquement. Pourtant, il ne savait pas pourquoi mais il lui faisait peur. Il s’était mis entre lui et Lily pour la protéger, elle (et sa sœur…), néanmoins, il ne pouvait empêcher le long frisson qui lui traversait le dos lorsqu’il croisa le regard acéré de cet homme. Au plus profond qu’il essayait de s’en souvenir, il ne parvenait pas à mettre un souvenir sur lui. Il ne le connaissait pas mais lui, semblait le connaître !

- Tu parais un peu faible pour ton âge…
Severus se contenta de le regarder. De quoi il se permettait de lui faire ce genre de remarques ? Il ne le connaissait pas et…
- Néanmoins, tu sembles avoir du caractère. On pourra peut-être faire quelque chose de toi.
Severus se contenta de le regarder, le regard noir. « On pourra peut-être faire quelque chose de lui ? » C’était qui ce « on » ?! « Quelque chose ??? Depuis quand était-il une chose qu’on maniait à sa guise ? »
L’homme s’approcha de lui mais en continuant de le fixer, Severus recula d’un pas, entraînant avec lui Lily comme elle se trouvait derrière.
L’homme émit un rire narcissique.
- Je me doutais bien que tu réagirais de cette manière.
Puis il reprit d’une voix qui lui rappela celle de son père et le décida à ne pas obéir au moindre ordre qu’il lui donnerait.
- Approche.
Severus sembla retrouver sa voix et tout en n’approchant pas plus que s’il n’avait rien entendu de l’ordre proféré, il demanda :
- Qui êtes-vous ?
C’est à ce moment-là qu’une autre voix intervint et l’assurance de Severus revint aussitôt.
- Qu’est-ce que tu fais là ?
Severus se tourna vers sa mère et s’écria :
- Il est apparu par la cheminée maman ! Et… Et il a pointé sa baguette sur…
Mais il tut la fin de sa phrase car Madame Evans venait d’apparaître aux côtés de sa mère et il ne voulait pas l’effrayer en lui disant que ses filles venaient de se faire menacer par cet homme qui venait d’apparaître par la cheminée de leur maison.
C’était assez bizarre comme cela en le pensant, alors en le racontant…
Eileen se tourna vers la mère des deux filles et lui dit :
- Je crois qu’il serait préférable de remettre notre discussion à un autre jour Lynne. J’ai… besoin d’avoir une petite discussion avec… cet homme ici présent. Je suis désolée…
- Ce n’est pas grave, on va vous laisser.
Aussitôt que ses mots furent prononcés, aussitôt Pétunia et Lily se réfugièrent aux côtés de leur mère. Lily échangea un bref regard avec Severus qui signifiait un merci non formulé et les Evans sortirent de la pièce. Ce ne fut que lorsqu’ils entendirent la porte d’entrée se refermer qu’Eileen reposa sa question.
- Alors, qu’est-ce que tu fais là ?
- J’aurai pensé à un meilleur accueil de ta part mais puisque c’est ainsi, je ne vais pas m’en formaliser.
Eileen le regarda avec un regard qui renvoyait des étincelles.
- Tu pensais que je t’aurai fait meilleur accueil ?! Et je peux savoir ce qui te fait penser ça ?
L’homme ignora la question.
- On n’est pas heureuse de revoir son père ?
- Pourquoi je serai heureuse ? Vous m’avez reléguée pendant dix ans comme la dernière roue de la charrette, comme si je ne faisais plus partie de la famille. Et tu t’étonnes de l’accueil que je te fais ? On s’est très bien débrouillés sans toi et sans vous pendant toutes ces années et on veut le continuer !
Puis, elle ajouta à l’égard de son fils.
- Severus, viens à côté de moi.
Sans attendre, son fils vint en courant se réfugier à ses côtés. C’était le père de sa mère ?... C’était… son grand-père ?... Cet homme était son grand-père ?
Maintenant qu’il y pensait, il reconnut un peu le même nez crochu qu’il avait. Ce nez qu’il détestait, il l’avait hérité d’une personne qui n’avait pas daigné se faire connaître pendant des années et qui apparaissait aujourd’hui pour le séparer peut-être de sa mère … Cet homme, il le détestait déjà. Ne serait-ce parce qu’il avait peur d’avoir d’autres ressemblances avec lui, il le détestait.
- Monter son fils contre son grand-père, ce n’est pas très raisonnable, dit l’homme d’une voix lente et basse.
- Je ne l’ai jamais monté contre son grand-père, ni contre sa famille.
- … Mais jamais parlé non plus.
- Pourquoi est-ce que je lui aurais parlé d’une famille qui a rejeté sa mère parce qu’elle a épousé un Moldu ? Tu peux m’expliquer pourquoi je lui aurai parlé de vous, vous qui n’avez pas montré le moindre intérêt pour lui avant ce jour ?!
Gauwyn Prince eut une moue comme si cela n’avait aucune importance.
- Tu nous as tout simplement déçus.
Severus regarda sa mère. Des éclairs semblaient lui sortir des yeux.
- Suffit ! Maintenant, dis-nous pourquoi tu es revenu ? Si je vous ais déçu, étant donné que ça m’étonnerai que vous m’ayez pardonné même aujourd’hui, je ne vois pas pourquoi tu es revenu ! Tu aurais beau me supplier que vous avez changé d’opinions sur moi, que vous m’avez pardonné ? Je ne te croirai pas.
Gauwyn secoua la tête doucement.
- Je suis venu pour ton fils.
- Pour mon fils ?!
Elle avait soudainement resserré ses bras autour de son fils comme si elle craignait qu’il le lui fût pris de force.
- Vous ne nous séparerez jamais, tu entends ?
Sa voix était presque un murmure mais elle tremblait de l’angoisse de se voir séparer de son fils, le seul lien familial étroit qu’elle avait.
- Oh nous ne voulons pas vous séparer dans le sens que tu entends.
Eileen ne répondit rien. Elle se contenta de froncer les sourcils tout en le fixant du même regard noir où perçait cependant l’étonnement.
- Non, ce que nous voulons c’est, l’examiner en quelque sorte, lui faire passer des épreuves pour savoir si oui ou non le statut de Sang-mêlé qu’il lui a été imposé, a affecté les pouvoirs qu’il aurait pu avoir…
- Les pouvoirs qu’il a ! reprit Eileen d’une voix forte et ferme. C’est un sorcier si tu veux tout savoir ! Il l’a montré il y a quelques temps…
- C’est un début, murmura t-il.
- Un début ?!
- Je ferai en sorte qu’il rattrape le retard qu’il a sur le Monde qui est le sien. Vivre comme un Moldu, je suis sûr que cela ne l’a pas aidé à…
- Tu ne le toucheras pas ! Tu ne t’approcheras pas de lui !
- J’aurai espéré que tu aurais coopéré plus facilement mais…
- Vous ne vous en êtes jamais soucié, je ne vois pas pourquoi cela commencerait ! Ce n’est que pour vous assurer qu’il est bien le sorcier que vous attendez qu’il soit que tu es venu aujourd’hui ici ! Mais nous ne voulons ni de vous, ni de toi ! Severus est un sorcier et sera le même sorcier en restant avec moi que si vous voulez me le prendre !... Je ne vous laisserais pas faire ! Il sera même un meilleur sorcier s’il reste avec moi, je le sais ! Vous ne pouvez lui apporter tout ce dont il a besoin.
- Tout ce dont il a besoin, c’est une éducation qui l’érigera sur les traces de sa famille.
- Non, il n’y a pas que ça !
Severus sentit sa mère trembler et son étreinte se resserrer anxieusement autour de ses épaules lorsque son père fixa son regard noir d’encre dans le sien, un regard glacé. Regard froid, puissant contre regard tentant d’être assuré où l’on pouvait lire de la peur. Froideur contre peur... Pourtant, Eileen soutint le regard de son père. Severus essaya lui aussi de regarder son grand-père du même regard ferme… mais il dû cligner des yeux une ou deux fois car il n’arrivait pas à rester sans ciller comme sa mère.
- Je veux rester ici…, dit-il d’une voix sûre de lui, sans trembler. Je ne veux pas aller avec vous.
Gauwyn Prince baissa la tête vers Severus en se rendant compte qu’il venait de parler. Il sourit. Ce gamin semblait avoir du caractère. Pas de doute, on reconnaissait bien là un Prince. Ce foutu Moldu n’avait pas eu trop d’influence sur son petit-fils, même s’il n’était qu’un demi Prince à cause de lui.
- … Je veux rester avec maman, reprit Severus en se demandant ce qu’il avait à sourire de cette manière. Cela lui donnait vraiment un visage crétin et cela n’allait pas du tout avec le caractère, pensa t-il. En plus, le sourire ressemblait plus à une grimace narcissique. Severus préféra se concentrer sur le sourire de Lily. En plus, il lui donnait du courage.
Tout en ne bougeant pas de place, Gauwyn demanda :
- De quelle façon tes pouvoirs se sont-ils manifestés ?
Eileen ne parla pas mais Severus sentit sa main se serrer sur son épaule. Il croisa son regard. Imperceptiblement, il la vit faire un signe de tête qui lui disait de répondre.
Il tourna alors sa tête vers son… grand-père. Il avait beaucoup de mal à prononcer ce nom…
- J’ai…
Il hésita un moment en cherchant ses mots…
- J’ai… projeté mon père en l’air… J’avais peur, j’étais en colère…
Puis, il ajouta aussitôt comme s’il croyait que son grand-père serait en colère contre lui et se mettrait à crier et le menacer de sa baguette.
- Mais, je n’ai pas fait exprès !
Gauwyn approuva et resta silencieux un moment.
- Content d’apprendre que tu as hérité des gênes de la famille.
- C’est tout ce que tu sais dire ?! s’écria Eileen. Les gênes ! C’est tout ce qui t’intéresse concernant ton petit-fils ?
- Non, bien sûr que non. J’ai promis à notre famille de revenir à la maison avec vous deux.
- Jamais, tu entends. Jamais.
- Ou du moins, avec lui. Je suis désolé que tu le prenne de cette manière, tu m’oblige vraiment à ce que je… Stupefix !
Severus avait agi avant même que sa mère n’ait sorti sa baguette et il l’avait poussé sur le côté en envoyant la baguette de Gauwyn Prince valser dans les airs. Mais avec une surprenant rapidité pour ces cinquante et quelques années d’âge, Gauwyn l’avait rattrapé.
Severus pensait qu’il aurait été dans un colère folle mais celui-ci souriait.
- Bien, très bien, murmurait-il.
« Qu’est-ce qui est bien ? » pensa Severus. L’attitude presque nonchalante de son grand-père rendait sa colère presque plus visible.
- Severus, viens avec ton grand-père, dit-il doucement mais pourtant sans aucun préambule.
Son petit-fils secoua la tête énergiquement en se rapprochant de sa mère et en ne lâchant nullement du regard son grand-père. Gauwyn secoua la tête, excédé puis il sembla capituler. Sembla.
- Bon, et bien tant pis. Ta grand-mère sera vraiment très déçue. Elle se réjouissait déjà tellement de te voir.
L’hésitation de Severus se mit à vaciller d’un côté et de l’autre. C’était vrai ? Voulait-elle vraiment le connaître ?... Puis, il secoua la tête. De toute façon, il ne partirait pas avec lui, c'était hors de question. Il n'abandonerait pas sa mère.
- Je ne veux pas aller avec vous.
Gauwyn Prince se détourna sans aucunes autres paroles ni regards vers sa fille. Puis, d'un pas raidi, il retourna dans la cheminée et, lançant de la poudre au-dessous de lui, il disparut dans un nuage de fumée.

[ A suivre ]
Fanfiction créée vers 2007.
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